poèmes photographiques
« La poésie est un acte de mémoire obstiné », disait Prévert.
Partout, il existe des zones entre-deux. Ces zones de passage, d’errance, d’attente, de recul, entre deux moments, deux lieux, deux préoccupations, deux plaisirs ou deux souffrances, sont universelles.
Cette vie entre-deux s’apparentant à des temps morts, ne semble rien produire de matériel, de tangible ; c’est pourtant l’occasion d’ouvrir celle de l’intime où les âmes deviennent apatrides.
Cette absence à la réalité alentour nous envahit pour laisser place à une massive, soudaine et éphémère présence au monde sensible.
La vie entre-deux est un brouillard bienheureux, où la lumière ne vient plus de dehors mais de l’intérieur. C’est le moment où l’universel et le singulier peuvent se conjuguer enfin.
À travers une poésie de l’intimité, Gilles Petit-Gats tente de capter et de laisser à regarder ce qui ne se voit plus : nos propres scènes et décors quotidiens. La forme rejoint alors le fond ; pour restituer ce « brouillard bienheureux », le photographe estompe volontairement toutes les hautes lumières pour ne laisser apparaître que la lumière du sujet.
Rien ne vient d’en haut ou de côté, tout vient du sujet photographié. Ainsi, celui-ci peut exister et parfois se raconter par lui-même. Le ciel, l’horizon, les alentours deviennent alors un simple décor.
Après un travail sur les textures, il recolorise doucement une première mouture en noir et blanc jusqu’à trouver l’exacte impression des couleurs et des densités de l’atmosphère qu’il a perçues au moment du cliché.
Vous pouvez retrouver les photographies de cette série dans la boutique.